tirsdag 3. januar 2012

Les tribus du rêve cybernétique

Dans ses travaux l’anthropologue Barbara Glowczewski a montré également l’existence d’une pensée réticulaire multidimensionnelle chez les tribus Aborigènes d’Australie dont le système cognitif spatialisé et la cosmogonie reposent sur une vision traditionnelle de l’univers qu’elle qualifie de « connexionniste » dans le sens où tout y est virtuellement connectable et interdépendant.
« Toute connexion entre deux éléments a des effets sur d’autres éléments du réseau. Que ce soient les hommes et les femmes, le règne animal, végétal ou minéral, la terre, le souterrain ou le ciel, l’infiniment petit et l’infiniment grand, la vie actualisée et les rêves, tout interagit. Ces connexions sont mises en œuvre par les rites, par les rêves, et par le lien spirituel et physique qui unit chaque humain à certains éléments de son environnements – lien que l’on a coutume d’appeler, en anthropologie, « totémique ». » (10)
Cette pensée traditionnelle en réseau se manifeste notamment par la perception de la mémoire comme un espace-temps virtuel et la projection de savoirs sur un réseau géographique à la fois physique et imaginaire.
Elle s’articule autour de la production de « cartes mentales » liées à l’élaboration d’« itinéraires mythiques » lors de pratiques rituelles liant chants, danses et peintures corporelles, considérées comme des « récits en performance » traitant l’information qui provient souvent également de l’interprétation des rêves.
Ce qui se joue là c’est l’émission et la réception d’informations essentielles à la survie de ces sociétés de chasseurs-cueilleurs dont les immenses territoires nécessitent la consignation de données relatives au déplacement de sites en sites et donc la cartographie cognitive sous forme, en l’occurrence, d’itinéraires reliant des lieux pensés comme les traces d’ancêtres mythiques.
La pratique onirique y joue donc un grand rôle car « tout ce que l’on voit et entend en rêve n’est qu’une remémoration d’éléments existant depuis toujours – les prototypes de traces – qui s’agencent, se connectent de manière nouvelle. Quasi infinies, les combinaisons sont toujours localisées dans des êtres éternels aux formes hybrides qui ont laissé des traces dans des lieux sacrés où ils continuent de rêver. » (11)
De même la notion de « dreaming », englobant la mythologie et ses parcours, renvoie à un espace-temps éternel - qui n’est pas sans rappeler notre cyberespace - auquel on peut se connecter par ces portails virtuels que sont les sites sacrés, les rites et donc surtout la pratique onirique.

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